Le
samedi 5 mai 2007 : A la demande de la famille Alessandri voici
l'intégralité de la lettre de Petru Alessandri sur l'arrestation de
son fils et au delà sur la répression contre la jeunesse corse.
voici la lettre de Petru Alessandri
"A la suite de la manifestation d'Aiacciu qui a vu
défiler dans les rues de la ville plusieurs milliers de personnes,
de nombreux jeunes manifestants ont été interpellés par les forces
de l'ordre. Après des incidents largement provoqués par les "forces
du désordre", qui auraient du tout simplement laisser la
manifestation aller légitimement jusqu'à son terme.
Parmi ces jeunes manifestants traduits devant la
justice en comparution directe, se trouve mon fils interpellé sous
le motif d'avoir lancé des pierres contre les forces de l'ordre. A
l'heure où j'écris ces lignes je ne connais pas le sort qui lui sera
réservé, ainsi qu'aux autres interpellés, mais je ne pouvais passer
sous silence les méthodes employées pour procéder à ces
interpellations.
Une simple convocation aurait suffi mais une fois de
plus l'Etat français a choisi le spectaculaire, la démesure et la
provocation.
Le jeudi 26 avril, les forces de police se présentent
au domicile de ma mère pour lui annoncer que suite à la
manifestation d'Aiacciu ils étaient à la recherche de son ... fils.
Incompétence ou provocation gratuite ? Car personne et surtout pas
les forces de police ne peut ignorer que je suis incarcéré depuis de
nombreuses années, comme de nombreux autres compatriotes loin de
notre terre. Après de sommaires excuses, laissant sous le choc une
personne âgée de 77 ans, vivant seule, sans se soucier de son état
de santé, ces mêmes individus cagoulés se sont rendus au domicile de
mon fils pour l'interpeller dans un scénario désormais classique en
Corse et qui ne semble pas soulever beaucoup d'indignation chez nos
concitoyens.
Aujourd'hui, on condamne des jeunes manifestants à
des peines de prison ferme justifiées par Mr le Préfet de Corse
comme le respect de la loi républicaine alors que des élus qui
depuis des décennies sont responsables de l'impasse politique,
économique et sociale de la Corse, pris en flagrant délit de
fraudes, abus de bien sociaux, détournements de fonds publics sont
eux condamnés à des peines avec sursis et à des amendes dérisoires
que de toute manière ils ne règlement jamais ou s'en acquittent avec
l'argent qu'ils ont détourné.
Il semblerait que dans ce pays, il y ait deux
conceptions de la démocratie et de la loi républicaine et que la
justice et la police soient plus tolérantes avec certaines
catégories d'individus. Il semble en effet être plus honorable
aujourd'hui en Corse de vendre de la drogue à notre jeunesse, de
mettre la société en coupe réglée par la peur, ou de dilapider les
fonds publics.
Mais quand ce système est cautionné ou utilisé par
une classe politique silencieuse et asservi à un Etat colonial, cela
porte un nom : "système mafieux".
Classe politique corrompue et apparemment
intouchable, car depuis des années ces mêmes élus évitent avec
beaucoup d'habileté les foudres de la justice. Et pour cause, toutes
les enquêtes menée en Corse, chambres consulaires, d'agricultures,
Sivom, Safer, Cadec, etc ... ont fini aux oubliettes. Qui se soucie
des scandales financiers que représentent les échec des filières
thermales (bains de Guagnu), de la filière pierre, bois ? Quand
est-il du fameux dossier du Crédit agricole de la Corse ? Il finira
sûrement comme tous les autres : réduits à de simples
dysfonctionnement techniques ou humains. Mais il n'y a rien
d'étonnant à ce que la justice française se refuse à approfondir ces
dossiers, la mise en évidence des responsabilités de l'Etat, de la
classe politique traditionnelle, et du corps préfectoral ouvrirait
une voie royale au Mouvement National Corse. Tout cela est
inimaginable et inacceptable pour un Etat qui historiquement a
toujours nié ses responsabilités et qui a toujours besoin de ses
valets locaux pour mener à bien sa politique de spoliation du peuple
corse.
En ces temps d'élections ou tout un chacun se
gargarise de paroles creuses sur l'exemplarité de la république
française et de ces représentants, la morale, l'indépendance de la
justice, sur le refus de l'assistanat ; le silence des différents
candidats et acteurs politiques sur le problème politique corse
laisse augurer des jours sombres pour notre peuple.
Le mouvement national étant le seul rempart à ce
programme funeste de spoliation de notre patrimoine culturel et
naturel, pour l'Etat français tous les moyens semblent bons pour
essayer d'intimider une jeunesse qui refuse le sort qu'on lui
réserve.
Il reste donc au mouvement national corse à retrouver
une dynamique de combat qui n'aura d'efficacité que dans une
crédibilité retrouvée et la complémentarité des luttes et des
énergies sur tous les terrains."
Petru Alessandri
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
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