Le
22 Juin 2007 : (Corse - Répression) Interpellé le 21mars,
Ghjuvan’Andria Mozziconacci est aujourd’hui détenu à la prison de la
Santé. Avant d’être déféré devant la Section Spéciale du Parquet de
Paris, ce patriote a connu les quatre jours de garde-à-vue qui sont
devenus la règle dès qu’il s’agit de patriote corses.
Son refus de répondre aux
enquêteurs, et surtout de permettre l’identification de celui qui
l’accompagnait, lui a valu un interrogatoire du genre « musclé ».
Il nous a envoyé le récit de cette
période.
Un témoignage accusateur pour la
police coloniale, mais aussi un exemple de fermeté face à la
répression.
Voici la lettre de Ghjuvan’Andria Mozziconacci du 7 mai.
Cari frateddi,
Je porte à votre connaissance et à
la connaissance de notre peuple cet humble témoignage concernant les
conditions de mon interpellation, les violences et humiliations
subies dans les locaux du commissariat de Boulogne Billancourt
(hauts de seine).
Les méthodes policières doivent
effectivement être vivement dénoncés et condamnées, lorsque les
principes les plus élémentaires de la dignité humaine sont bafoués
et foulés aux pieds, il est un devoir d’œuvrer afin de réhabiliter
et de les faire respecter en utilisant tous les moyens dont nous
disposons.
Il s’agit de dire aujourd’hui plus
que jamais à ceux qui consciemment ou inconsciemment acceptent
l’inacceptable et de faut cautionnent un système qui vise au non
respect de la personne humaine dans ses aspirations les plus
profondes et les plus légitimes, que l’indifférence est le plus bas
degré de la liberté.
La répression met chacun en face de
ses responsabilités (la répression et ses dessous). Quant à nous,
nous poursuivons dans la sérénité notre combat pour la dignité, la
justice et la liberté.
Je fus donc interpellé le vendredi
21 mars à 03h25 du matin (la personne qui se trouvait en ma
compagnie réussit à tromper l’habileté de l’Urbaine) et parvint à
prendre la fuite, et s’il m’est permis de le faire, je tiens
aujourd’hui à la saluer comme il se doit).
Une fois maitrisé, je fus
immédiatement transporté dans les locaux du commissariat le plus
proche.
Une première mise à nu « de
principe » eut lieu : jusque là rien de vraiment nouveau et
d’extraordinaire…
Une vingtaine de minutes plus tard,
2 inspecteurs de la P.J. avisés de la situation, firent leur
apparition et sans perdre de temps se mirent à l’ouvrage.
Ces 2 messieurs me firent entrer
dans un bureau en ayant pris la précaution de poster un gendarme
devant la porte, sans aucun doute afin que ce dernier puisse jouir
du spectacle qui allait suivre, à moins que ce ne soit afin qu’il
puisse s’initier à l’art de traiter ceux qui osent toucher aux
intérêts de la République une et indivisible ! Tamanta qualità !
Irrités par mon refus de dévoiler
quoi que ce soit quant à nos intentions et quant à l’identité de la
personne qui parvint à prendre la fuite (ce qui semblait les
préoccuper terriblement, on le serait à moins…) les coups
commencèrent à pleuvoir, des coups portés essentiellement à la tète,
au cou et derrière la nuque ; je fus projeté à plusieurs reprises
contre le mur ce qui m’occasionna une lésion à la tempe droite.
Après s’être accordés quelques
minutes de répit, ils repartirent en besogne.
Un violent coup de bottes dans les
parties me fit quasiment tomber à terre, en me redressant je pris
soin bien évidement de protéger de mes mains cette partie du corps,
ce qui de toute évidence déplut à mes agresseurs, puisqu’ils
m’obligèrent à les retirer afin de réitérer leur action.
Fin de la première partie.
Un quart d’heure plus tard, un
nouveau face à face eut lieu. Je fus contraint à me dévêtir
entièrement (le clou du spectacle), je fus roué de coups, dans cette
situation on ne peut plus dégradante et humiliante.
En ramassant mes vêtements un coup
de botte fut porté au flanc gauche en précisant bien : « c’est là
que ça fait mal ». Je cite.
Fin de la seconde partie.
Dans la journée mon domicile fut
perquisitionné à deux reprises, une première perquisition eut lieu
dans la matinée, une seconde en début d’après midi.
Lors de la seconde perquisition un
inspecteur s’adressant à ses acolytes, s’exprima en ces termes :
« Cette fois-ci on va tout foutre en l’air, on va leur apprendre à
vivre ». Sans commentaire…
Ensuite ce fut la mise en garde à
vue dans les locaux de la brigade criminelle, la duplicité et le
vice remplaçaient la violence. Ma position fut claire : à chaque
question posée une seule et même réponse : « je n’ai rien à
déclarer …»
Piantaraghju quì’ssa testimunianza.
Vi mandu i miò più fraterni è
rivoluziunari saluti.
A prestu in Tarra Corsa.
Ghjuvan’Andria
Evviva a Lotta di Liberazione
Naziunale.
Cet évènement n’est pas arrivé en
2007 mais il y a 20 ans, dans cette période où la police coloniale
se permettait déjà la torture sur nos militants. 20 ans après, rien
n’a changé ou presque, au lieu de taper là où ça fait mal, parce que
de nos jours ça laisse des « traces » on vous laisse tomber du
troisième étage. (Source de l’information A Risposta 1987 Natale per
i Patriotti
http://storiacorsa.unita-naziunale.org/)
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
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