Le
Samedi 23 novembre 2006 : A la veille de Noël, trois organisations
de soutien aux prisonniers politiques corses, Cuscenza Viva, A
Riscossa Paisana et le Comité Anti Répression ont tenue une
conférence de presse à Ghisunaccia afin de sensibiliser une nouvelle
fois le peuple corse sur le sort des patriotes incarcérés et pour
demander le rapprochement en Corse. A la suite de cette conférence
de presse, les militants, sympathisants et familles de prisonniers
politiques ont procédé à une distribution gratuite de clémentines et
de tracts.
En
effet plus d'une soixantaine de prisonniers politiques, dont une
vingtaine ont été condamné, sont toujours dans les prisons
Françaises sans aucun espoir de rapprochement. Dans une interview
réalisé par France 3 Corse, Ghjuvan'Filippu (et non Jean Christophe
comme indiqué sur le
reportage ci dessous) rappel que sur 20 condamnés seul 2 prisonniers
politiques se trouvent en Corse. Il déclare également que la prison
de Borgu est loin d'être complète et que le centre de Casabianda
serait quasiment vide. Ce dernier n'est plus uniquement un centre
de détention pour délinquants sexuel mais il reçoit depuis plusieurs
mois des droits communs en fin de peine.
voici le texte de la conférence de
presse :
Il y a
exactement trois ans, jour pour jour et dans ce même lieu, des
hommes et des femmes épris de justice et de liberté menaient la même
action qu’aujourd’hui pour sensibiliser le peuple corse au sort
réservé aux prisonniers politiques corses, pendant que d’autres
étaient en grève de la faim dans les locaux de l’Assemblée
territoriale.
L’ensemble des
élus, tout partis confondus, avaient alors voté à l’unanimité une
motion demandant le rapprochement des prisonniers. Ils ne
demandaient pas une énième dérogation, juste le respect de la parole
donnée par les plus hauts ministres du gouvernement français et le
simple respect de leur propre loi.
Ce qui aurait
pu être, il y a trois ans, l’amorce d’un dialogue et d’une démarche
allant dans le sens de la mise en place d’un processus de paix resta
lettre morte et tomba aux oubliettes des motions classées sans
suite.
Depuis Noël
2003, que c’est-il passé ? La situation a considérablement évolué :
en pire !
En effet,
l’Etat français, loin de s’ouvrir au dialogue, n’a eu de cesse
d’amplifier sa répression et tente - sans succès, la mobilisation
sur le terrain en est une preuve constante - d’intimider et de
museler toute légitime revendication identitaire.
Le nombre de
patriotes emprisonnés a considérablement augmenté pour atteindre un
chiffre jamais égalé, même aux heures les plus noires du
nationalisme corse. Le Comité Anti Répression, qui à sa création il
y a huit ans, défendait huit patriotes, en a aujourd’hui 42. Quant à
Riscossa Paisana, c’est une vingtaine de patriotes qu’ils
soutiennent. Au regard du peuple corse, bientôt minoritaire sur sa
terre, c’est énorme ! Personne ne peut, ni ne doit, rester
indifférent à une telle situation et doit à tout le moins
s’interroger sur les raisons qui poussent des hommes à tout
sacrifier, leur famille et leur liberté, pour le bien commun de leur
peuple et la liberté de leur terre.
Nous ne pouvons
penser que les gouvernants français soient totalement idiots et
qu’ils ne tirent pas les enseignements de plus de trente années de
répression.
Comment ne
voient-ils pas que temps que durera la répression il y aura des
combattants de la liberté ?
Comment ne
voient-ils pas que la balle est dans leur camp et qu’il suffirait
d’un petit geste pour amorcer le dialogue porteur de paix ?
Ce geste, qui
ne serait que justice, passe par le rapprochement de l’ensemble des
prisonniers politiques corses en Corse. Et que l’on ne vienne pas
nous dire que cela est impossible, lorsque l’on sait que le CD de
Borgu est loin d’être plein et que celui de Casabianda, lui, est
pratiquement vide !
Nous sommes dans le Fium’Orbu, région
hautement symbolique s’il en est. Symbolique de la résistance à
toutes les formes d’oppression depuis des siècles. Symbolique de la
répression, de « ghjustizia morandina » aux troupes de Poniatosky,
mais aussi et surtout, symbolique, par les accords de Migliacciaru,
de cette volonté de vivre dans un avenir de paix et de liberté.
Nous sommes
dans le Fium’Orbu, où se trouve justement Casabianda, pénitencier
agricole fondé en 1857 par Napoléon III, devenu depuis centre de
détention pilote, mais qui a aussi en son temps reçu de nombreux
prisonniers de guerre et politiques, notamment pendant les deux
guerres mondiales. Pénitencier qui aujourd’hui, et trop de gens
l’ignore, n’est plus uniquement réservé aux prisonniers condamnés
pour crimes sexuels, puisque y sont aussi incarcérés des détenus de
droit commun condamnés à de longues peines.
Rien, absolument rien dans le droit
français ne s’oppose à ce que les patriotes corses condamnés soient
incarcérés dans ce pénitencier. D’autant plus que l’on sait – et une
interview d’un responsable de l’administration pénitentiaire parue
dans Corse Matin il y a quelques semaines le confirme – que le
principal problème du directeur de Casabianda c’est justement … de
remplir sa prison ! Une telle annonce est même pour nous proprement
scandaleuse, alors que des dizaines de familles souffrent de ne
pouvoir voir leurs proches incarcérés à plusieurs centaines de
kilomètres, alors que cet éloignement bafoue les droits de la
défense et condamne les patriotes à une double peine.
Aujourd’hui,
ensemble, nous affirmons que le rapprochement des patriotes corses
incarcérés et à terme leur libération passera inévitablement par une
solution politique pour la Corse. Elle est affaire de volonté, de
responsabilité.
Volonté, responsabilité de faire cesser sans plus attendre les
conditions inhumaines, inadmissibles, imposées à nos frères.
Volonté, responsabilité de leur reconnaître le statut de prisonniers
politiques.
Volonté, responsabilité de procéder au rapatriement des prisonniers
en Corse, à Borgu ou à Casabianda.
Le seul geste cohérent du gouvernement français pour démontrer sa
volonté de prendre en compte la réalité et la globalité du problème
corse ne peut être que le rapprochement immédiat en Corse de la
totalité des prisonniers politiques en vue de leur libération.
Il est plus que temps que l’Etat français respecte enfin sa propre
loi et les conventions qu’il a ratifiées et cesse définitivement de
jouer la carte du pire.
O Corsi, figlioli di a nostra antica
libertà, hè ghjunta l’ora di fà fronte à l’inghjustizia !
Dumane, sè no sapemu ritruvà a strada di a sulidarità, faremu sapè a
l’oppressore chì u populu corsu sempre vivu à fiancu à e so mosse
strapperà à so leghjitima libertà.
O Corsi, demuci a manu per fà chì l’avvene di i nostri figlioli sia
sempre corsu è fà ch’ellu sia suminatu di pace è di libertà.
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