Le
18 mai 2009:
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte internationale)
Après le discours introductif
prononcé par le président de l’Instance permanente des Nations Unies
aux Questions Autochtones, la 8ème session du Forum permanent a été
placée sous le signe de la « femme autochtone » actrice de cette
lutte depuis l’enfantement jusqu’à la grand-mère autochtone en
passant par la femme au travail
A ensuite été procédée à l’élection
du bureau de cette 9ème session et Mme TAULIZ CORPUS en a été élue
présidente.
Cet après-midi les questions liées
au développement économique et social ont été abordées et soulevée
la question principale du rapport entre les peuples autochtones et
les entreprises industrielles.
MARDI 19 MAI –
Deuxième journée Thème de la journée : « La femme autochtone »
Mailys IRIART s’est exprimée au nom
d’AUTONOMIA ERAIKI et a exposé la situation du Pays Basque Nord et
sa non reconnaissance par l’Etat Français.
Voici le résumé
officiel tiré du document intitulé :
ONU - CONSEIL
ECONOMIQUE ET SOCIAL COUVERTURE DES REUNIONS de la 8ème SESSION de
L’INSTANCE PERMANENTE :
CONFRONTATION DE
POINTS DE VUE SUR LA PROMOTION DES DROITS DES AUTOCHTONES, EN
PARTICULIER DES FEMMES
« Mme Mailys IRIART, Autonomie
basque, a rappelé que son peuple était divisé entre deux pays
puissants et a estimé que malgré la ratification par la France de la
Charte sur les langues minoritaires, ce pays continuait de nier
l’existence d’un peuple autochtone sur son territoire alors qu’il
est le plus ancien d’Europe. Le manque de reconnaissance nous porte
préjudice à bien des niveaux, a-t-elle ajouté. Dépendant des
institutions éducatives de l’Etat français, nous ne pouvons suivre
nos études en basque et au Pays basque, a-t-elle dénoncé. Lorsque
nous revenons diplômés, nous constatons que les politiques
touristiques et l’installation des retraités aisés ont entraîné la
spéculation et la rareté des terres. La France nous inflige une
politique de manipulation territoriale, oubliant que le droit au
logement est un droit pour tous, a ajouté l’oratrice. Nous déplorons
que toutes nos demandes de reconnaissance soient ignorées ou
carricaturées, a-t-elle dit , dénonçant la « folklorisation » de son
peuple basque ainsi que la multiplication des poursuites
judiciaires. Elle a enfin dénoncé la collaboration policière
franco-espagnole sous couvert de lutte antiterroriste. Elle a
demandé à l’Instance de faire en sorte que la France reconnaisse
l’existence du peuple autochtone basque sur son territoire. »
Dans ce même document officiel est
résumée l’intervention de la représentante de l’Espagne dans le
cadre du droit de réponse des représentants des états :
« La représentante de l’Espagne a
souligné que les droits de l’homme et les libertés fondamentales
étaient garantis dans son pays, y compris dans la lutte contre le
terrorisme. Elle a déploré les tentatives visant à transformer
l’Instance en une plateforme politique, risquant de nuire à sa
crédibilité. »
La Présidente de la 8ème session de
l’Instance permanente a fait une réponse à l’intervention ci-dessus
qui peut se résumé en ces termes :
L’instance permanente a vocation à
entendre les témoignages des peuples autochtones qui vivent des
réalités difficiles et à encourager les échanges sans tomber dans la
confrontation.
Voici sa déclaration :
Milesker
Lehendakari agurgarria,
Egun on
deneri! Ohore handirekin hitza hartzen dugu jatorrizko herrien
asanblada horretan, Euskal Herriko gazteriaren egoera aipatzeko zuen
aintzinean. (salutations en basque)
Madame la
Présidente, Membres du Bureau de la 8ème session de l’Instance
Permanente aux Questions Autochtones, ainsi que tous les
représentants des Peuples Autochtones présents à cette assemblée,
nous sommes très honorés de prendre la parole au sein de
l’Organisation des Nations Unies.
Nous
adressons nos respectueuses salutations aux Peuples Autochtones et
nous remercions chaleureusement Madame La Présidente de donner la
parole au Peuple Euskaldun, le Peuple Basque.
En tant
que jeune femme autochtone du Pays Basque Nord, je suis consciente
d'avoir la fonction absolument nécessaire de transmettre aux
générations à venir notre identité à travers l'apprentissage de
notre langue, notre culture, nos valeurs, notre histoire. Je
voudrais donc vous interpeler sur l’avenir soucieux de mon peuple.
Mon peuple
est divisé entre deux Etats parmi les plus puissants du monde: la
France et l'Espagne. J'appartiens au Pays Basque Nord dont le
territoire s'inscrit au sein d'un pays pris pour modèle
démocratique, le pays fondateur des Droits de l’Homme, un pays ayant
signé en 2007 la Charte pour la protection et la reconnaissance des
peuples minoritaires.
Pourtant,
non seulement la situation du peuple basque ne s’améliore pas, mais
elle s'aggrave même sur de nombreux points puisque la France
continue de considérer qu’elle n’a pas de Peuple Autochtone sur son
territoire hexagonal.
Le peuple
basque est le plus vieux peuple d'Europe. Le peuple basque se
distingue par sa langue et de nombreux traits culturels. Le peuple
basque existe, ayant toujours revendiqué sa spécifité et toujours
réclamé l'application des droits les plus fondamentaux, au prix
d'une répression accrue et de nombreuses souffrances.
Aujourd'hui des milliers de mes semblables poursuivent la lutte pour
que notre peuple soit enfin connu, reconnu, et puisse vivre.
Le manque
de reconnaissance et d’une institution propre au Pays Basque nous
porte tort à bien des niveaux.
En effet,
dépendant des institutions de l'Etat français, notamment au niveau
de l'enseignement, nous souffrons de ne pouvoir suivre l’intégralité
de nos études en Basque et au Pays Basque. Nous sommes, pour la
grande majorité des jeunes, contraints de quitter notre Pays pour
effectuer des études secondaires. Le départ lié aux études nous
sépare ainsi de notre famille, de nos amis mais surtout de notre
Pays, nous éloignant ainsi de la vie sociale, culturelle,
économique, et ainsi politique de notre pays.
Lorsque,
diplôme en main, nous revenons sur nos terres pour construire notre
vie, d'autres difficultés s'imposent à nous. Ainsi, la politique
touristique mise en place, ainsi que la politique d'incitation à
l'installation massive d'un troisième âge aisé pour vivre une
retraite paisible entre océan et montagne, ont entraîné l’inflation
du prix de nos terres, et la spéculation. Le bon vouloir de certains
dirigeants a par conséquent barré toute possibilité pour un jeune
basque d’accéder à la propriété et rend très difficile la location
d’un logement au Pays Basque. L’association Lurratak, œuvrant à
dénoncer la gravité de la situation immobilière au Pays Basque,
constate qu'un couple de salariés, ayant un revenu mensuel supérieur
au salaire minimum français, ne peut construire ou acheter un
logement sans s’endetter pour une période minimale de 30 ans,
situation encore aggravée avec la Crise que nous vivons
actuellement.
La France
nous inflige une politique de manipulation territoriale, favorisant
les projets immobiliers de loisirs et de luxe en collaboration avec
des promoteurs peu scrupuleux, oubliant que le droit au logement est
un droit pour tous, et qu’en l'occurrence, son application constitue
l’un des principaux besoins du Peuple Basque.
Nous
déplorons que toutes nos demandes de reconnaissance soient
méprisées, rejetées voire réprimandées. Nous déplorons que la presse
prétendument indépendante défende les intérêts de l'Etat français en
divulgant une image caricaturale et négative de notre Pays,
construite entre terrorisme (pour décrédibiliser toute revendication
autonomiste ou indépendantiste) et tourisme (pour folkloriser notre
peuple).
Nous
devons combattre tous les jours cette volonté politique
d'anéantissement de notre peuple.
Nous
devons aussi lutter contre l’incessante criminalisation des actes de
la société civile basque. Parce que patriotes basques qui militons
pour la sauvegarde de notre identité, de notre culture ou de notre
langue sommes l’œuvre de poursuites judiciaires, ayant souvent pour
objet la dissuasion, souvent également des sanctions. En matière
de répression, nous sommes également les spectateurs impuissants
d'une collaboration prétendument « anti terroriste » entre la France
et l'Espagne, et par conséquent de l’extradition vers l’Espagne de
certains de nos frères et sœurs basques alors même que la torture
perdure dans ce Pays.
En
quelques mots, selon la France, nous n’existons pas, si ce n'est
pour être français, et ne méritons pas de représentation
institutionnelle. Notre langue n’est pas reconnue, notre identité
caricaturée et dévoyée.
L’image
que l’Etat français transmet de nous est fausse, manipulée. L'Etat
français ignore la réalité des différents peuples qui vivent sur son
territoire, se défendant que « la France est une et indivisible ».
Pourtant nous existons et voulons vivre.
Nous
demandons donc à l’Instance Permanente de bien vouloir prendre en
compte nos revendications, de signaler à la France l’existence du
Peuple autochtone basque sur son territoire, de lui rappeler ses
engagements et de nommer un expert autochtone pour la zone Europe de
l’Ouest.
Merci.
Milesker.
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