Le
31
mai 2009:
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte internationale)
suite des interventions et
rencontres réalisées par la délégation AUTONOMIA ERAIKI à la 8ème
session de L’Instance Permanente sur les Questions Autochtones des
Nations Unis (UNPFII). Comme vous le verrez, même au sein de cette
instance, il faut batailler ferme pour se faire entendre et
respecter... !
Jeudi 21 mai
Rencontre avec
l’expert des questions autochtones pour l’Europe de l’Ouest
Moment difficile vécu par Audrey il y a deux
heures...
Alors qu'elle se débattait pour avoir une réponse à
la question du pourquoi nous n'avons pas d'expert nommé par les
peuples autochtones pour la zone Europe de l'Ouest, elle est allée à
la rencontre de l'expert pour cette même zone nommée par les
gouvernements. Il se trouve que c'est un espagnol. Le moment a été
violent.
Il lui a demandé pourquoi est ce qu'il y aurait
besoin d'un tel expert pour la zone en question. Elle lui a dit,
comme il le savait, que nous étions une délégation d'Euskal Herria,
et qu'en l'occurence il serait justifié et légitime que chaque
partie soit représentée. Là, il a perdu son calme, répétant que
c'était une honte que nous soyons là, que notre place n'était pas
ici. Il a rajouté que nous ne connaissions pas l'Histoire de notre
peuple, notamment dans les ravages de la colonisation en Amérique du
Sud. Et qu'en l'occurence, ici au milieu des peuples autochtones de
ce continent, notre présence était une honte. Il a ensuite
évidemment parlé du terrorisme, mais Audrey choquée n'a pas tout à
fait compris le sens de ses propos. Elle lui a dit qu'il serait
intéressant de prendre une heure ou moins, à l'extérieur de
l'Assemblée, pour pouvoir discuter et lancer un dialogue. Il a dit
qu'il était hors de question de commencer à discuter.
Cet échange ayant été en espagnol, et la maitrise de
la situation trop aisée pour cet "expert", Jon et Urko qui nous
accompagnent et qui sont d'Hegoalde sont ensuite allés le voir pour
lui dire que si il devait y avoir quelque chose de honteux dans
cette assemblée, c'est que quelqu'un de si fermé au dialogue ait
entre les mains de telles responsabilités. Ils ont ensuite échangé
quelques mots, notamment sur l'absence de pertinence des arguments
tels le terrorisme ou la colonisation d'individus certes basques,
mais ayant émigré à titre personnel, et non en tant que
représentants du Pays Basque. Ils ont ensuite parlé de la notion
d'autochtonie et démonté un à un les arguments de ce monsieur qui
refuse d'admettre que le peuple basque correspond tout à fait à
cette définition. Ils sont revenus à nous, ayant dans l'idée que ce
monsieur a des comptes à régler avec ETA à titre personnel..
Mais nous continuons. Recherchant l'appui d'autres
représentants de gouvernement.
Dans une heure, rendez vous avec le représentant de
la France.
Merci de votre soutien depuis Iparralde.....
Mailys
Rencontre avec
le représentant français
Bien passé, ça s'est bien passé.
Ca fait plaisir, après la représentante du
gouvernement espagnol et l'expert nommé par les gouvernements pour
l'Europe de l'Ouest (espagnol aussi)...
Le représentant de la France a tout d'abord cherché à
savoir quelle était la vocation de notre association. Nous lui avons
expliqué qu'il s'agissait d'une plateforme ayant pour vocation de
réunir les citoyens pour lesquels l'autonomie est l'avenir
nécessaire d'Iparralde. Nous lui avons expliqué en quoi il nous
était impossible de continuer à subir les décisions de Paris, quand
elles s'acharnent à aller à l'encontre des intérêts de notre
territoire, de notre culture, de notre langue. Nous avons dit
combien notre projet s'incarne dans une Europe des peuples, et ne
fait que reprendre des politiques déjà mises en place au Royaume
Uni, en Espagne, en Allemagne... Nous avons insisté sur le fait
qu'il s'agit pour nous de ne pas dépendre des volontés de Paris,
bien loin de nos réalités, qu'il s'agit d'être autonomes,
responsables des politiques mises en place sur notre territoire, en
matière sociale, économique, culturelle et politique, pour répondre
au véritables besoins de la population et du territoire. Nous avons
insisté sur la notion de "communauté de destin".
Nous lui avons signalé combien nous nous scandalisons
et souffrons de ne pas avoir de représentation institutionnelle en
Pays Basque nord et avons dénoncé là la stratégie de la France
d'éteindre notre identité progressivement, sournoisement, quand des
territoires comme la Normandie, la Bretagne, l'Alsace constituent
des régions, quand la Corse dispose d'un statut particulier.
Par rapport à notre présence ici même, nous lui avons
exposé quelles étaient nos revendications, et notre incompréhension
face à l'absence d'expert nommé par les peuples autchtones en Europe
de l'Ouest. Il a voulu nous répondre que c'était certainement parce
que les Etats de cette zone ne reconnaissaient pas de peuple
autochtone sur leur territoire, argument que nous avons contesté,
rappelant que l'autodéfinition étant la règle, à partir du moment ou
nous en avions fait la demande l'année dernière, il était légitime,
voire impératif que nous ayons la possibilité de nommer un expert.
Il n'a pas contesté.
Nous lui avons ensuite dit que nous accusions la
France de ne pas respecter ses engagements, et de concourir à faire
disparaitre notre peuple, en ne prenant aucune mesure de nature à
permettre la réappropriation de la langue en Iparralde. Il nous a
répondu que la France avait pris de nombreuses mesures en faveur des
langues régionales. Ce à quoi nous lui avons rétorqué que d'une
part, le basque n'était pas une langue régionale, et d'autre part,
que la France n'avait fait que tenir compte d'un état de fait,
permis par le travail de militants déterminés à prendre leur destin
en main, mais qu'en aucun cas, elle ne prenait de mesure propre à
assurer la survie de cette langue historique, et qu'il s'agissait en
quelque sorte là d'un crime volontaire contre l'existence de notre
peuple, le plus ancien d'Europe, et qu''il n'était nul beson d'être
basque pour prendre conscience de la gravité de cette politique. Il
n'a pas contesté.
Reprenant la teneur de son discours ce matin, nous
lui avons signalé qu'il n'avait nullement repris le texte lu devant
l'Assemblée, et lui avons demandé s'il s'agissait là de sa part
d'une non contestation des faits. Il n'a pas rétorqué. Nous lui
avons alors dit combien nous condamnions la France d'extrader des
militants politiques, tolérant ainsi la torture qui est ensuite
pratiquée à leur encontre en Espagne, comme le confirment les
nombreuses condamnations d'organismes internationaux tels Amnesty
international. Il a alors répondu que les questions liées à
l'Espagne ne le concernaient pas. Mais de notre côté, nous lui avons
rétorqué que la France est responsable des conditions et des cas
dans lesquels elle permet les extraditions, et qu'il nous est
nécessaire de dénoncer qu'en l'occurrence, figurer parmi les pays de
l'Union Européenne ne suffisait pas à assurer les droits de la
défense et de détention. Il n'a pas contesté.
Enfin, nous avons abordé le fonctionnement de
l'instance permanente aux questions autochtones, et lui avons
rappelé quelles étaient nos principaux objectifs ici.
Le rapport était détendu, mais ferme. Nous
représentions chacun des intérêts différents mais respect et écoute
étaient appréciables.
Finalement, nous l'avons encouragé à transmettre
notre ouverture au dialogue, et notre volonté d'implication, dans le
cadre de la réforme des institutions en France.
Je ne vous cacherai pas que, si nous ne pouvons
mesurer l'impact de notre échange ou même les réelles intentions de
Monsieur Emmanuel LEBRUN-DAMIENS, la possibilité d'échanger nos
perceptions et d'exposer nos revendications de manière courtoise et
respectueuse a été salvatrice de cette journée intense et même
violente à certains égards.
La lutte continue....
Mailys
Vendredi 22 mai
La journée est longue...
Peu de temps est accordé aux
peuples autochtones et le temps de parole est monopolisé par les
gouvernements et partenaires de travail de l’ONU, qui ne sont pas
soumis a la limite de trois minutes d’intervention...
Ainsi, OIT, Haut Commissariat,
OAF... Echanges courtois et remerciements en tout genre...
Urko est premier sur la liste
des délégations autochtones sur le theme du développement, mais
depuis ce matin que le théme est passé à l’ordre du jour, il attend
de pouvoir prendre la parole... assez patiemment et sereinement je
dois dire...
De notre coté, nous prenons du
temps pour parler avec les peuples autochtones sur place et nous
enregistrons quelques témoignages... Les contacts crées sont
enrichissants et encourageants quant à la perception que les autres
peuples ont de nous.
Nous tenons bon !!!
Et pensons bien fort a vous qui
nous suivez et encouragez par vos messages de chaleureux soutien !!!
Laster arte eta pott handi bat!!
Mailys
Jeudi 28 mai
Terexa a parlé.
Texte appuyé sur les
considérations de la langue et de l'éducation en Pays Basque. Moment
d'émotion évidemment, mais c'est le moment de la lecture arrivé à sa
fin que certains bouleversements se sont produits.
En effet, un représentant d'un
peuple autochtone francophone s'est empressé de venir à notre
rencontre, pour nous faire part des commentaires émis dans son
oreillette par la traductrice en français, qui pensait avoir éteint
son micro, à n'en pas douter. Ainsi, elle a pris à parti l'accent du
Sud Ouest “incomprensible”, ironisant sur ses intonations (passe
encore, nous revendiquons de ne pas parler un français pincé), mais
s'est permise trois fois de faire le commentaire de "terroristes"...
Nous sommes immédiatement allées
nous faire confirmer l'information auprès des différents
francophones de l'Assemblée. Information validée. Vagues dans
l'hémicycle.
Attendant la fin de la journée
de travail pour demander des comptes à la traductrice, à 18 h nous
l'avons attendue à la sortie pour lui demander comment certains
commentaires pouvaient être émis de la part d'une technicienne dont
le travail devrait être la traduction objective des propos entendus
au sein de l''Assemblée. Nous n'avons pas voulu lui dire de quels
propos il s'agissait pour l'amener à les prononcer elle même, et à
reconnaitre la faute professionnelle. Si évidemment, elle commencé
par nier, elle a fini par s'excuser devant nous, se refusant par
contre à toute excuse publique. Nous sommes alors allées relater
l'événement à Madame la Présidente, qui s'engageait à en parler avec
le Secrétariat.
Aujourd'hui, un texte devrait
passer sur le thème "agenda professionnel". Nous aborderons notre
volonté de voir les thèmes de la Langue et des Droits de l'Homme
être inscrits et bénéficier d'une place plus importante. Nous
revendiquerons également une place plus équitable accordée aux
représentants des peuples autochtones par rapport aux interventions
des représentants de gouvernements. Nous demanderont qu'une
demi-journée soit accordée à la nomination d'un expert nommé par les
peuples autochtones pour la zone Europe de l'Ouest. Enfin, nous
rappellerons que l'Instance a pour vocation d'être un lieu de
dialogue et non de confrontation, et nous nous plaindrons ainsi de
ne pouvoir dialoguer avec certains membres permanents, de ne
découvrir que polémique autour de notre volonté d'adhérer à la CAF,
et enfin d'avoir subi des commentaires ne respectant pas la
neutralité à laquelle se doit un technicien de traduction.
La pression ne baisse pas...
Merci de nous envoyer beaucoup
d'énergie positive depuis Iparralde...
Mailys
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