Samedi
29 avril se tenait à Ajaccio la conférénce de presse du comité de
soutien à Alain Ferrandi et Philippe Fabri. Voici l'intégralité de
la conférence de presse
Léon FABRI,
Emmanuelle LE BALER-FERRANDI, Jean-Marc RODRIGUEZ,
Thierry CASANOVA, François FERRANDI, Marceau SIMEONI
Ajaccio, hôtel Impérial, le 29 avril 2006.
Nous avons décidé de constituer un Comité de soutien pour Alain
FERRANDI et Philippe FABRI car nous estimons que les autorités
pénitentiaires et judiciaires ne sont pas en mesure d’observer, en
ce qui les concerne, le principe même des droits de l’homme.
Condamnés pour des faits qu’ils
ont assumés; la privation de liberté est la seule sanction légale
qui devrait leur être appliquée. Or, il est évident que la sécurité,
la reconnaissance juridique et le respect des personnes incarcérées
ne sont pas assurés par les services de l’état.
L’agression dont Alain FERRANDI et
Philippe FABRI ont été victimes, le 7 août 2005, nous interpelle sur
plusieurs points :
Comment, au sein d’une Centrale
sécuritaire comme celle de Clairvaux, un détenu particulièrement
surveillé a-t-il pu être agressé sauvagement pendant plusieurs
minutes sans qu’aucun surveillant ne soit intervenu ?
Pourquoi la version de l’agression
donnée immédiatement aux medias par un personnel surveillant
est-elle délibérément erronée et fait-elle mention d’une rixe entre
détenus sur fond de « caïdat » alors que l’administration
considérait Alain et Philippe comme des prisonniers modèles ?
Pourquoi, huit mois après
l’agression, le dossier n’avait-t-il pas avancé ? Seule la parution
d’un article dans la revue Corsica a provoqué l’audition des
victimes !
Pourquoi les deux premiers juges
ont-t-ils été dessaisis de l’affaire ?
Fort heureusement le juge actuel semble décidé à instruire enfin le
dossier !
Quelle est la situation carcérale
des agresseurs, est-il vrai que deux d’entre eux ont bénéficié de
permissions de sortie pour les fêtes de fin d’année et que l’un des
deux n’a pas réintégré sa prison ?
Enfin, dernière interrogation et
pas la moindre : comment des pièces à conviction de l’agression
ont-elles pu être manipulées ou disparaître?
(Aucune fouille immédiate dans les cellules des agresseurs présumés
; ouverture prématurée du scellé contenant une des armes de
l’agression ; dissimulation de l’existence d’une caméra susceptible
d’avoir filmé les faits !)
Il est bon de rappeler, qu’après
les premières constatations des faits, Madame
la procureur de Troyes a très clairement qualifié l’agression de «
tentative
d’assassinat » ! Alain FERRANDI doit tout simplement la vie à la
présence de
Philippe FABRI sur les lieux du drame.
Cette considération nous conforte dans l’idée que le regroupement
des prisonniers politiques est, à l’heure actuelle, le moyen le plus
efficace pour garantir leur sécurité.
Le traitement judiciaire de ce
dossier démontre la volonté, à peine dissimulée, de l’Etat français
d’abandonner les deux victimes de l’agression dans un état permanent
d’insécurité et de doute.
Les conditions anormales du suivi postopératoire d’Alain FERRANDI
attestent de la mauvaise volonté de la pénitentiaire à assurer les
soins psychologiques, névralgiques et bucco-dentaires
indispensables.
Au-delà du non-respect de
l’intégrité morale et physique d’Alain FERRANDI et de Philippe FABRI
nous nous interrogeons sur :
-
les risques que l’impunité
peut entraîner sur leur sécurité au sein d’un
établissement pénitentiaire ;
-
de la volonté de l’institution
judiciaire à vouloir traiter de façon équitable un
dossier concernant un condamné à perpétuité pour l’assassinat
d’un préfet ;
-
et enfin, sur l’indépendance
de la justice par rapport au pouvoir exécutif.
Nous avons décidé d’alerter les
instances les plus hautes pour que la lumière soit faite autour de
ce grave évènement :
Tout d’abord l’Observatoire
International des Prisons.
Ensuite, la Collectivité
Territoriale de Corse en la personne du Président de l’Assemblée et
des Présidents de groupes ;
Enfin, la Commission Nationale de
Déontologie de la Sécurité, conformément à la loi N°2000-494 portant
sur le respect de la déontologie par les personnes exerçant des
activités de sécurité sur le territoire de la République.
L’état de délabrement de
l’administration pénitentiaire, dénoncé dans un premier temps par le
Docteur VASSEUR, a provoqué dès 1999 une enquête parlementaire.
Faisant suite à un premier rapport alarmant de l’Assemblée
nationale, le rapport du Sénat était intitulé sans ambiguïté: «
Prisons, une humiliation pour la France » et se terminait par ces
termes : « Il y a urgence, il y a urgence depuis deux cents ans ».
Ces deux rapports datent de l’an 2000…Force est de constater,
aujourd’hui, qu’ils sont restés lettres mortes.
En 2005, « l’appel des 200 » n’a trouvé aucun écho et les récentes
accusations du Commissaire européen Gil Robles viennent confirmer
les usages d’un autre âge en vigueur dans les prisons françaises.
Le Ministère de la Justice victime
de ses errements surannés a montré, dans plusieurs affaires
récentes, son incohérence et ses dérives ; l’agression, dont Alain
Ferrandi et Philippe Fabri ont été victimes, confirme son
fonctionnement léonin et démontre les lacunes de l’administration
pénitentiaire et la honte de la prison républicaine.
L’administration française bafoue
ses propres lois en maintenant les prisonniers politiques corses à
des centaines de kilomètres de leurs lieux de résidence, appliquant
ainsi la double peine aux détenus et à leurs familles.
La demande de « rapprochement des prisonniers » est devenu un réel
levier de chantage de la part de l’état français et a été suivi de
peu d’effets. Pour être efficace, il faut que cette requête devienne
une injonction portée par l’ensemble de la classe politique
obligeant la justice française à appliquer tout simplement ses
propres lois en mettant la France en conformité avec ses principes…
Nous appelons tous les hommes et
les femmes de bonne volonté épris de justice et d’humanisme à
rejoindre le Comité de soutien d’Alain FERRANDI et de Philippe FABRI.
source :
Cuscenza
Viva
Lire l'article sur Corsica :
http://info.club-corsica.com/soc_79_025.html
Source photo : Comité anti
répression
Source info : Internet |