Ghjurnate
di Corti 2006
Intervention de Jean-Guy Talamoni
Au nom de Corsica Nazione Indipendente, je voudrais saluer les
délégations internationales qui nous ont fait, cette année encore,
l’honneur et l’amitié de répondre à notre invitation.
Nous remercions
tout particulièrement nos amis basques de Batasuna et
catalans d’Esquerra Republicana d’être venus une fois de
plus, alors qu’ils sont actuellement dans leurs pays, les uns et les
autres, acteurs principaux de processus d’accession à de nouveaux
espaces de souveraineté. Malgré une actualité politique surchargée,
ils ont tenu à être parmi nous.
Nous saluons
aussi chaleureusement, pour leur présence à nos côtés pour la
première fois, des dirigeants du Tavini, parti
indépendantiste ayant accédé au pouvoir en Polynésie. Dans ce beau
pays, les indépendantistes sont au gouvernement et, nous n’en
doutons pas, l’indépendance s’approche à grands pas !
Nous souhaitons
également la bienvenue aux représentants des organisations du
mouvement national, qui sont venus à Corti pour débattre avec nous
de la situation de notre nation et des actions à mener en commun.
Il nous faut
également remercier toutes celles et tous ceux sans lesquels les
journées internationales ne pourraient pas se tenir, toutes les
militantes, tous les militants de Corsica Nazione Indipendente qui
se sont dépensés sans compter pour faire de ce rendez vous annuel un
grand moment de partage et d’amitié.
Nous aurons
également une pensée pour ceux qui ne peuvent pas être parmi nous,
nos prisonniers, ainsi que pour leurs familles, qui sont pour la
plupart représentées ici. Qu’ils soient assurés de notre
indéfectible solidarité, amicale et patriotique.
Enfin, nous
saluons ici tous ceux qui ont choisi la voie de la résistance,
quale sia a manera, et tout particulièrement i militanti di u
Fronte di Liberazione Naziunale di a Corsica.
LE PARTI
ANTI-CORSE
L’année écoulée
n’aura pas été positive pour la Corse. Elle aura cependant permis de
voir plus clair dans le jeu de nos adversaires.
La situation,
chacun a pu s’en rendre compte, est aujourd’hui particulièrement
préoccupante, le parti anti-Corse ayant la haute main sur la
politique insulaire. Le parti anti-Corse, ce n’est pas seulement le
parti français, ce dernier étant présent depuis fort longtemps dans
l’île. En outre, un certain nombre de nos compatriotes ont pu croire
de bonne foi que l’intérêt de la Corse était de rester française,
coûte que coûte. La suite des événements devait leur donner tort. Le
parti anti-Corse, ce n’est pas seulement le parti de l’étranger, car
il ne se limite pas à la défense d’intérêts qui ne sont pas les
nôtres, ni même à pérenniser la domination d’une puissance étrangère
sur notre communauté nationale. Le parti anti-Corse c’est
davantage que cela. C’est celui qui travaille aujourd’hui, avec
méthode et opiniâtreté, à la destruction de notre peuple en tant que
réalité culturelle, historique et politique originale. Animé par
des Corses et téléguidé par Paris, il affirme aujourd’hui ses
positions avec une arrogance inouïe. Persuadé d’être « dans la
dernière ligne droite » et de ne plus pouvoir être arrêté, il ne
cache plus ses intentions.
Lorsqu’à travers
son club de réflexion « La Corse dans la République », Monsieur
Zuccarelli, chef de file du parti anti-Corse, prétend que l’objectif
principal est de peupler la Corse de continentaux (Cf. Corse-Matin
du 29 juillet), il affiche clairement la couleur : il s’agit ni plus
ni moins que de noyer les Corses sous un flot de nouveaux arrivants.
Le mouvement national corse n’a jamais fait preuve d’ostracisme, il
a toujours dit que la Corse avait toujours « fabriqué » des Corses
et considéré notre Peuple comme une communauté composée de Corses
d’origine et de Corses d’adoption. Mais quelle est la nation qui
renoncerait à maîtriser les flux migratoires ? Tous les pays du
monde contrôlent ces phénomènes. En ce qui la concerne, la France le
fait de façon énergique, parfois brutale et pas toujours
respectueuse des droits de l’homme. Aujourd’hui en Corse, poser ce
problème et l’aborder sereinement est une démarche de
responsabilité, aux antipodes de toute dérive raciste. Qui peut
prétendre qu’aujourd’hui, compte tenu de notre démographie, de la
situation de notre langue, de nos emplois et de notre terre, le
peuple corse pourrait subir une nouvelle vague, encore plus massive,
d’immigration, sans disparaître totalement ? Personne de sérieux ne
pourrait dire une telle chose, mais ce qu’il faut comprendre, c’est
que la disparition de notre peuple est précisément le but de la
manœuvre pour les tenants du parti anti-Corse !
Autre exemple :
lorsque Monsieur Rocca Serra, autre dignitaire du parti anti-Corse,
déclare sans autre précaution oratoire, qu’il faut
« désanctuariser » notre île, lorsque l’on connaît la situation de
notre terre, les atteintes irréversibles à notre littoral, les
opérations spéculatives en cours, qui peut prétendre que notre
peuple pourrait survivre à ce que Camille de Rocca Serra appelle,
non sans provocation, une « désanctuarisation ». Personne de sérieux
ne pourrait le dire, mais, encore une fois, ce qu’il faut bien
réaliser c’est que la disparition de notre peuple est précisément
l’objectif poursuivi !
L’objectif
principal, du moins, l’objectif politique, la mission assignée par
Paris aux politiciens d’origine corse actuellement aux affaires.
Parce qu’il y a aussi pour eux un autre objectif : la satisfaction
d’intérêts particuliers. Est-ce un hasard si la Collectivité
Territoriale est aujourd’hui entre les mains de deux chefs de clans
de l’Extrême-sud et de la Balagne, deux hauts lieux de la
spéculation immobilière ?
Ce que nous
dénonçons aujourd’hui clairement, c’est la trahison des intérêts
corses par ceux qui ont précisément la charge de les défendre !
LES RELATIONS
AVEC PARIS
Aujourd’hui, la
France offre au monde un spectacle lamentable. Sa classe politique
prépare les élections présidentielles dans une ambiance qui tient
alternativement du vaudeville et de la guerre des gangs. Le seul
point d’accord entre les différents candidats à la candidature, de
gauche comme de droite, c’est l’attitude d’intransigeance à l’égard
de la Corse et le soutien sans faille au parti anti-Corse. Nous n’en
voulons pour preuve que les dernières visites, qui sont venues
conforter la position des dynasties locales :
Le Sud a eu
Camille, puis Jean-Paul. Il a un nouveau Camille, qui n’est pas le
plus brillant de la lignée.
Le Nord a eu
Emile, puis Jean, Puis Emile qui prépare actuellement la place à
Jean…
Tout ça,
curieusement, au nom de la République ! Et tous ces bons
républicains, qui se transmettent le pouvoir par dévolution
successorale, ont reçu les encouragements de ministres parisiens
d’une République aussi bananière que celles que la France installa
naguère en Afrique !
À droite comme à
gauche, on leur a donné des assurances : il n’y aura pas d’évolution
institutionnelle et on emplira les prisons. Beau programme !
Face à
l’intransigeance des gouvernants français actuels et à la perfidie
de leurs valets locaux, il serait illusoire, si ce n’est ridicule,
de parler encore de main tendue. Cette dernière l’a été en 2004.
Elle a été ignorée par les harkis de la CTC et mordue par les chiens
de garde de Paris. Désormais, chacun est face à ses responsabilités,
et, en ce qui concerne le mouvement national, l’heure est
indiscutablement à la lutte.
LA SITUATION
CORSE
Le préfet Lemas,
spécialiste de la désinformation, avait pris l’habitude de répéter
que la Corse allait mieux, que la Corse allait bien. Il est rentré
il y a peu dans son pays. C’est une bonne chose. Le problème, c’est
que l’attitude qui consiste à ériger le mensonge en mode de gestion
politique a toujours cours. Messieurs Santini et Rocca Serra, qui
ont installé une annexe de la préfecture Cours Grandval sont sur la
même position : « Tout va bien ! » Il est vrai qu’il ne sont pas
trop au fait des difficultés des Corses, passant le plus clair de
leur temps avec la jet set parisienne. Mais les Corses, eux, ne
partagent pas leur sentiment. Ils ne peuvent ignorer que la
situation économique de l’île est désastreuse. S’agissant de
l’industrie touristique, on a pu entendre, en début de saison,
les cocorico des coqs gaulois en poste dans l’île. Ils semblent
aujourd’hui, malheureusement, démentis. Apparemment, ce n’est pas
cette année que les choses s’amélioreront sensiblement.
L’agriculture
est en perdition. Il est vrai qu’elle ne constitue nullement une
priorité pour les institutions françaises en Corse. Il est temps que
les agriculteurs nationalistes trouvent enfin les chemins de
l’union, si l’on veut avoir quelque espoir de voir les choses
évoluer.
Pour sa part,
Corsica Nazione Indipendente réaffirme son total soutien à ce
secteur d’activité essentiel, qui n’est pas seulement pour nous une
activité économique, mais une part de notre identité nationale.
Dans le domaine
des transports, l’année écoulée a vu Paris détourner une partie du patrimoine corse.
Malgré le combat exemplaire des marins du STC, les navires de la
SNCM, payés par la Corse, ont été subtilisés aux profits d’intérêts
privés proches des sphères gouvernementales. De nouvelles luttes
s’annoncent, car les emplois des marins corses sont aujourd’hui plus
que fragilisés.
Corsica Nazione
Indipendente réaffirme solennellement son engagement pour la
création d’une compagnie publique corse.
La situation
sociale de la Corse est – chacun peut le constater – totalement
catastrophique,
avec une augmentation de la précarité et une décorsisation effrénée
des emplois, notamment des fonctions d’encadrement, systématiquement
réservées à des non-Corses. Corsica Nazione Indipendente maintiendra
et renforcera sa présence dans les luttes sociales, aux côtés,
notamment, du STC.
Autre élément de
préoccupation : notre langue continue à reculer, malgré les
efforts de l’Université et de nombreux acteurs culturels. La
création d’un « Conseil de la langue et de la culture corse »,
obtenue grâce à la pression constante du groupe nationaliste à
l’Assemblée de Corse, constitue une première avancée. Mais seule
l’officialisation permettra de sauver et de développer notre langue
nationale.
La situation de
l’immobilier peut, quant à elle, être qualifiée d’alarmante, et nous y reviendrons
dans un instant car, comme vous le savez, nous avons décidé, cette
année, de faire de la défense de la terre une priorité absolue.
Au plan politique
et institutionnel, le blocage actuel, extrêmement pénalisant pour la Corse
et pour ses relations avec Paris, est dû, dans l’île, à l’action
nocive des tenants du statu quo et, en France, à la perspective des
élections présidentielles.
Enfin, la
situation faite aux prisonniers politiques est inacceptable. Le traitement qu’ils subissent nous
ferait presque regretter l’époque de la Cour de sûreté de l’Etat.
Les peines distribuées à l’époque n’étaient pas plus injustes
qu’aujourd’hui, et les militants se voyaient au moins reconnaître le
statut de prisonniers politiques. S’agissant de cette question,
essentielle aux yeux de nombreux Corses, la France s’est totalement
déshonorée : instructions truquées, preuves fabriquées,
condamnations sur le fondement de dossiers vides comme dans
l’affaire Andriuzzi-Castela, persécutions de la part de
l’administration pénitentiaire allant jusqu’à la complicité de
tentative d’assassinat dans l’affaire d’Alain Ferrandi. L’Etat
français, qui a renié sa parole sur le rapprochement des prisonniers
et qui continue la politique des « sections spéciales » inaugurées
par le régime de Vichy, est critiqué de toutes part : de la
Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme jusqu’à
la conférence des Bâtonniers saisie par le Barreau de Bastia.
LE MOUVEMENT
NATIONAL
Devant la
situation désastreuse que nous venons de décrire, le Mouvement
national doit prendre ses responsabilités.
Pour ce faire,
l’union de toutes les organisations patriotiques est une nécessité
absolue. Unione Naziunale a constitué un premier pas à cet
égard. Le chemin parcouru ensemble n’est pas négligeable, notamment
à l’Assemblée de Corse ou les élus nationaux ont été des sentinelles
vigilantes et des acteurs essentiels dans de nombreux dossiers. Mais
l’union doit, à notre sens, être renforcée à travers un front
d’organisations déployé sur le terrain. A « Cunsulta
Naziunale » constitue assurément un espace approprié pour
parvenir à une action unitaire.
Le Mouvement
patriotique n’a jamais prétendu représenter seul tout le peuple
corse. Mais dans le contexte actuel, face aux multiples agressions
que subit la Corse, force est de constater - même si on le regrette
- que les militants nationaux sont les seuls défenseurs de la
Corse, puisque les autres forces politiques sont, soit complices de
Paris, soit aux abonnés absents.
Les Corses, même
ceux qui ne partagent pas nos idées, sentent confusément que le
mouvement national demeure le dernier rempart devant les fléaux qui
les menacent. Ils savent qui a défendu la langue et la culture
corse, qui a empêché le bétonnage de notre littoral, qui a obtenu
deux statuts particuliers, qui a arraché la réouverture de cette
Université qui nous accueille aujourd’hui, opportun clin d’œil de
l’Histoire… Les Corses savent qui défend, depuis des années, le
maintien - et aujourd’hui le rétablissement - de l’arrêté Miot,
alors que la plupart des élus insulaires ont demandé ou accepté son
abrogation. Ils savent que ce sont les élus nationaux qui exigent la
vérité et la justice dans l’affaire de Tchernobyl, mensonge d’Etat
ayant entraîné tant de drames humains dans notre pays. Les Corses
n’ignorent pas qu’en 2002, seul le groupe Corsica Nazione à
l’Assemblée de Corse a voté contre le projet d’incinérateur, que le
clan Zuccarelli tient absolument à implanter malgré les terribles
retombées prévisibles en termes de santé publique. Les Corses se
souviennent que lors des persécutions de la période Bonnet, les
seuls politiques à être restés debout, quand tous les autres se
couchaient, ont été les militants nationaux. Personne ne peut
nier que dans la tourmente, malgré les difficultés, nous sommes
restés à notre poste. Nous n’en tirons aucune gloire car nous
n’avons fait que notre travail, nous n’avons fait qu’assumer les
responsabilités qui nous ont été confiées. Bien sûr, il nous est
arrivé de commettre des erreurs, aucune action humaine n’étant
exempte de critiques. Mais les Corses sont assez clairvoyants
pour imaginer ce que serait aujourd’hui la Corse si le Mouvement
national n’avait pas existé.
Ces dernières
années, nous avons connu diverses tentatives de dialogue avec Paris,
qui n’ont été rendues possible que par la capacité du mouvement
patriotique à adapter sa stratégie en fonction des différentes
situations, en passant de la fermeté à l’ouverture chaque fois que
cette dernière était possible. Nous avons su saisir les opportunités
de dialogue. Mieux, nous les avons créées. Mais aujourd’hui, il n’y
a malheureusement de place que pour la lutte. Aussi, nous le disons
à nos partenaires et amis d’Unione Naziunale : dans une telle
situation, alors que notre peuple est menacé comme il l’a rarement
été au cours de son histoire, il n’est pas réaliste de demander la
fin de l’action armée. Ce n’est pas rendre service à la Corse que de
le faire, car cette attitude pourrait permettre à nos adversaires de
tenter d’occulter les véritables responsabilités du conflit. Et ces
responsabilités incombent exclusivement à Paris et à ses complices
dans l’île. La fin de l’action armée n’interviendra, comme en
Irlande du Nord ou au pays basque, que dans le cadre d’un processus
politique négocié pour régler la question nationale corse.
En ce qui
concerne Corsica Nazione Indipendente, nous le disons clairement :
que l’on n’attende pas de nous la moindre réserve, la moindre prise
de distance à l’égard de ceux qui mènent la lutte la plus difficile,
celle qui conduit aux plus grands sacrifices. Notre solidarité est,
et demeurera, pleine et entière.
L’INDEPENDANCE
NATIONALE
Depuis les
dernières journées, Corsica Nazione Indipendente a adopté, en
Assemblée Générale, son projet visant à établir une République
corse indépendante, dans le cadre européen. Depuis, un projet de
société a commencé à être rédigé, dont certains volets ont déjà été
présentés à l’opinion corse.
L’indépendance
nationale, que certains présentaient naguère comme une chimère,
voire comme le fruit d’une vision archaïque, est désormais à l’ordre
du jour un peu partout en Europe. En Catalogne, nos amis
indépendantistes d’Esquerra Republicana sont devenus un parti de
gouvernement. En Ecosse, les derniers sondages d’opinion montrent
que l’idée indépendantiste est devenue majoritaire. Au Monténégro,
un référendum a permis l’accession à l’indépendance.
L’Union
Européenne accueille désormais en son sein des Etats bien plus
petits que la Corse, comme Malte.
L’intelligentsia
parisienne s’émeut de cette nouvelle donne, les « intellectuels » de
droite ou de gauche regrettant ce qu’ils appellent la « balknisation
du monde » et déplorant la fin du modèle français d’Etat nation.
Pour notre part, nous nous en réjouissons. Nous sommes heureux de
voir de petits peuples recouvrer la maîtrise de leur destin et
espérons que la Corse suivra bientôt ce chemin.
Corsica Nazione
Indipendente, formation représentant le courant républicain du
Mouvement national corse, se félicite des évolutions en cours et
réaffirme son engagement pour une souveraineté pleine et entière,
l’indépendance nationale.
LA DECLARATION
DES PEUPLES SANS ETAT SOUS DOMINATION FRANCAISE
Hier, les
participants à la journée internationale ont vécu un moment
particulièrement important, avec une déclaration qui fera date.
Alors que les responsables parisiens ont l’arrogance et le cynisme
de parler des « bienfaits de la colonisation », une réponse commune
vient de leur être apportée.
Pour ceux qui
n’étaient pas présents hier, je donne lecture de cette déclaration :
Lire
L'Accord signé par les
représentants des peuples en lutte (En Corse et en Français)
Voilà ce que les
peuples sous domination française ont à dire : Non, la colonisation
n’a pas généré de bienfaits. Le prétendre constitue une incroyable
provocation. La colonisation, l’oppression et la domination doivent
cesser dans tous nos pays. Aujourd’hui, ensemble, dans la plus
étroite solidarité, nous mettons l’Etat français en accusation, face
à l’opinion européenne et internationale. Cette déclaration sera,
dans les semaine à venir, présentée officiellement à Bruxelles.
LA QUESTION DE LA
TERRE
Si nous avons
décidé de placer cette question au cœur de nos priorités, c’est
parce que nous sommes à l’écoute de notre peuple. Est-il acceptable
de voir de jeunes Corses contraints de quitter leur village faute de
logement, quand des étrangers fortunés achètent nos terres et nos
maisons pour en faire des résidences secondaires ou des opérations
spéculatives ? Est-il tolérable de voir, dans nos villes, des
familles corses privées de toit par l’augmentation vertigineuse du
prix de l’immobilier ? Allons-nous accepter sans sourciller de nous
faire jeter dehors de notre propre pays ? Allons-nous attendre de
voir, comme aux îles Baléares, des régions entières où l’on n’entend
plus parler que dans une langue étrangère, et où ne vit plus un seul
originaire du pays ? Allons nous accepter ceci comme une fatalité,
alors que d’autres Européens se protègent pour garder la maîtrise de
leur territoire ?
Aujourd’hui,
Corsica Nazione Indipendente prend une initiative majeure avec cette
proposition de loi, élaborée par un Comité de juristes et validée
par notre Ghjunta, et que nous soumettons au peuple corse. Nous
avons plaidé vainement, depuis des années, pour la mise en place
d’un tel dispositif. Compte tenu de l’évolution de la situation, il
n’est plus possible d’attendre. Puisque les institutions françaises
et l’Assemblée territoriale verrouillée par Paris s’y refusent, nous
en appelons directement au Peuple corse. Nous lui proposons de
prendre en main la défense de ses intérêts en faisant appliquer ce
texte. Nous lui demandons de s’emparer ainsi du pouvoir législatif
que Paris lui a refusé. À ceux qui objecteront que tous les
habitants de la Corse ne se reconnaissent pas dans cette loi, nous
répondrons que nombre de Corses ne se reconnaissent pas, pour leur
part, dans la loi française. Avec l’initiative que nous prenons
aujourd’hui, nous proposons de passer d’un conflit de légitimité
à un conflit de légalité. Car si, comme nous le pensons, cette
loi correspond aux attentes des Corses, nous serons toujours
suffisamment nombreux pour lui donner un commencement d’application.
Aux spéculateurs
qui voudraient, bafouant notre volonté et nos intérêts collectifs,
acheter nos maisons ou des morceaux de notre terre, nous dirons
tranquillement : vous ne faites pas une bonne affaire, car, à
supposer que vous ne rencontriez pas de difficulté avant, le premier
acte des autorités nationales une fois parvenues au pouvoir
consistera à vous expulser, sans indemnité, du bien indûment acquis.
D’ici là, nous
demanderons à ceux qui se reconnaissent dans la nation d’appliquer
ce texte, et de contribuer à son application avec les moyens à leur
disposition.
Ces journées
internationales 2006 auront été riches en événements et en
initiatives. Les semaines et les mois qui s’annoncent ne seront pas
faciles pour nous, mais gageons, avec « l’optimisme de la volonté »
qui est le nôtre, que les temps à venir ne seront pas, non plus, de
tout repos pour les ennemis de la Corse.
À ceux qui
s’interrogent encore sur la conduite à tenir, nous demandons :
La situation
faite à notre communauté est-elle tolérable ?
Peut-on compter
sur la bienveillance parisienne pour y mettre un terme ?
Le peuple corse,
multi-millénaire et aujourd’hui menacé de disparition, peut-il
compter sur ses enfants pour le défendre ?
Le Mouvement
national doit-il se mettre en ordre de bataille pour faire face aux
enjeux ?
Poser ces
questions c’est y répondre. Avec nous, dîtes oui.
Ne doutez plus.
N’attendez pas. Ne vous demandez pas pourquoi les militants
nationaux n’ont pas fait ceci ou cela. Demandez-vous plutôt, chaque
matin, ce que vous pouvez faire pour votre peuple, pour votre
nation, à qui vous devez tout. Tendez la main à ses défenseurs.
Tendez le poing à ses agresseurs.
Le chemin vers
notre émancipation nationale est difficile, mais il mène à un avenir
de dignité.
Evviva a lotta di
u populu corsu,
Evviva a Nazione,
Evviva a Corsica
Nazione !
sur le même
sujet :
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
Unità Naziunale
© UNITA NAZIUNALE 1999 - 2006 |